Histoire d'O selon Oraclutie

R***s Favourite from The Story of O
Sir Stephen
Il lui dit tout d'abord qu'il ne fallait pas ...

SIR STEPHEN

Il lui dit tout d'abord qu'il ne fallait pas qu'elle se crût libre désormais.
A cela près qu'elle était libre de ne plus l'aimer, et de le quitter aussitôt. Mais si elle l'aimait, elle n'était libre de rien. [...] Soudain il lui dit que tout d'abord il voulait que pour l'écouter elle desserrât les genoux, et dénouât les bras; car elle était assise les genoux joints et les bras noués autour des genoux. Elle releva donc sa chemise, et à genoux, mais assise sur ses talons, comme sont les carmélites ou les Japonaises, elle attendit. Seulement, comme ses genoux étaient écartés, elle sentait, entre ses cuisses entr'ouvertes le léger picotement aigu de la fourrure blanche; il insista: elle n'ouvrait pas assez les jambes. Le mot «ouvre» et l'expression «ouvre les jambes» se chargeaient dans la bouche de son amant de tant de trouble et de pouvoir qu'elle ne les entendait jamais sans une sorte de prosternation intérieure, de soumission sacrée, comme si un dieu, et non lui, avait parlé. Elle demeura donc immobile, et ses mains reposaient, paumes en l'air; de chaque côté de ses genoux, entre lesquels le jersey de sa chemise étalée autour d'elle reformait ses piles.


© Société Nouvelle des Editions Jean-Jeaques Pauvert, 1954-1972



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