SIR STEPHEN
Elle finit par se redresser, défit les premières agrafes de sa tunique, jusqu'au sillon des seins. Puis elle se mit debout tout à fait. Ses genoux et ses mains tremblaient. « Je suis à toi, dit elle enfin à René, je serai ce que tu voudras que je sois. --Non, reprit-il, à nous; répète après moi : Je suis à vous, je serai ce que vous voudrez que je sois. » Les yeux gris et durs de Sir Stephen ne la quittaient pas, ni ceux de René, où elle se perdait, répétant lentement après lui les phrases qu'il lui dictait, mais en les transposant à la première personne, comme dans un exercice de grammaire. « Tu reconnais à moi et à Sir Stephen le droit.... » disait René, et O reprenait aussi clairement qu'elle pouvait : « Je reconnais à toi et à Sir Stephen le droit... » Le droit de disposer de son corps à leur gré, en quelque lieu et de quelque manière qu'il leur plût, le droit de la tenir enchaînée, le droit de la fouetter comme une esclave ou comme une condamnée pour la moindre faute ou pour leur plaisir, le droit de ne pas tenir compte de ses supplications ni de ses cris, s'ils la faisaient crier.