LES AMANTS DE ROISSY
Les balafres s'étaient gonflées, et formaient des bourrelets étroits beaucoup plus foncés que le rouge des murs. Où dormait son amant, comme il aimait dormir au matin calme ? Dans quelle chambre, dans quel lit ? Savait-il à quel supplice il l'avait donnée ? Est-ce lui qui l'avait décidé ? O songea aux prisonniers, comme on en voyait sur les gravures dans les livres d'histoire, qui avaient été enchaînés et fouettés aussi, il y avait combien d'années, ou de siècles, et qui étaient morts. Elle ne souhaita pas mourir, mais si le supplice était le prix à payer pour que son amant continuât à l'aimer, elle souhaita seulement qu'il fût content qu'elle l'eût subi, et attendit, toute douce et muette, qu'on la ramenât vers lui.
© Société Nouvelle des Editions Jean-Jeaques Pauvert, 1954-1972
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